L’impact des températures estivales sur le stockage du vin
La hausse des températures au printemps
et en été peut avoir des conséquences importantes sur les vins, qu’ils soient
stockés en cuve, en fûts ou en bouteilles. La maîtrise des conditions
ambiantes, notamment de la température, est essentielle pour assurer la
stabilité et la bonne conservation des vins. En l’absence d’un système de
régulation, comme la climatisation, l’augmentation des températures dans les
caves et les salles de stockage au printemps et en été peut avoir des
conséquences importantes.
Risques
microbiologiques
Le printemps et l’été sont des périodes
critiques d’un point de vue microbiologique. Plus la température du vin est
élevée, plus la croissance des micro-organismes présents dans le vin peut être
rapide. Les levures et bactéries indésirables peuvent se multiplier et
entraîner des altérations irréversibles du vin.
Brettanomyces
Avec la hausse des températures, des
Brettanomyces potentiellement présentes dans le vin, en dormance pendant
l’hiver, sont susceptibles de se développer. Il est généralement admis
qu’au-delà de 16°C, les risques augmentent considérablement.
C’est pourquoi il est essentiel
d’effectuer des contrôles réguliers sur vos vins, en cuve ou en barrique. Les
niveaux de SO2 libre et surtout de SO2 actif doivent être surveillés. Avec une
concentration de 0,6 à 0,8 mg/L de SO2 actif, le risque est considéré comme
faible. Des analyses microbiologiques des populations de Brettanomyces sont
également recommandées pour éviter leur multiplication et l’apparition de
phénols volatils (odeurs d’écurie, sueur de cheval...) qui dénaturent le vin.
Refermentations
Les producteurs de vins blancs moelleux
et fortifiés sont extrêmement sensibles aux risques de refermentation des vins.
S’il y a encore des levures dans le milieu et que la protection par
sulfitisation est insuffisante, un développement de levures associé à la
refermentation peut être observé. Ce phénomène s’accompagne de l’émission de
CO2 et d’une opacification du vin.
Cependant, il ne faut pas confondre
refermentation et dégazage naturel des vins. Les symptômes peuvent parfois être
mal interprétés. Dans tous les cas, une analyse en laboratoire est nécessaire
afin de pouvoir réagir rapidement en cas de refermentation avérée (filtration
stérile, ajustement des doses de SO2, sorbation...).
Évolution
des vins
Que l’élevage ait lieu en cuve ou en
barrique, l’évolution du vin sera influencée par différents paramètres tels que
la température, la présence d’oxygène, l’humidité ou encore la vitesse de
circulation de l’air. L’action plus ou moins forte d’un ou plusieurs de ces
paramètres peut conduire à des types de vins très différents.
Dans les cuves ou les fûts en acier
inoxydable, la température joue un rôle important dans l’évolution des vins.
Les vins conservés à 12°C ont une concentration en anthocyanes plus élevée que
ceux conservés à 22°C. Les vins conservés à basse température ont une couleur
qui se conserve beaucoup mieux et un arôme qui évolue moins.
Pour les vins en barriques, la
dégustation de vins élevés à haute température (20-22°C) révèle un caractère
boisé plus fort. Ces vins ont également un arôme plus développé. L’astringence
et la dureté finale ont tendance à diminuer avec les températures élevées, ce
qui peut améliorer un vin « rustique » avant le vieillissement mais peut à
l’inverse nuire à un vin équilibré.
La température et l’humidité relative
ont une forte influence sur la consommation. Une température élevée et une
faible humidité relative entraînent une consommation importante. À l’inverse,
la consommation est fortement réduite à basse température et à forte humidité.
Dans tous les cas, il est intéressant d’identifier lors des ouillages, les fûts
qui ont le plus consommé. Ils serviront de témoins à analyser en priorité pour
prévenir les pertes de SO2 et les déviations microbiologiques.
Contamination
de l’air
Les odeurs et les goûts de moisi sont
des écarts majeurs qui peuvent affecter les vins. Les coupables, les
haloanisoles, peuvent contaminer le vin en vrac, mais aussi tous les produits
poreux (bentonite, bouchons, plaques filtrantes...) stockés dans une pièce «
contaminée par l’air ». Cette contamination de l’air est d’autant plus
importante que la température ambiante est élevée. En effet, avec la hausse des
températures, les haloanisoles se volatilisent de manière plus importante, ce
qui augmente le risque de contamination du vin. L’été est le moment le plus
approprié pour effectuer un contrôle de la contamination de l’air par piégeage.
En cas de contamination avérée de l’air,
des mesures curatives sont nécessaires : éliminer les sources de contamination
(charpentes, caisses de palettes, autres bois traités avec certains
fongicides...) ou réduire leurs nuisances.
Bouteilles
qui fuient
L’été apporte parfois quelques mauvaises
surprises en termes de stockage des bouteilles de vins. Avec la hausse des
températures, on observe parfois des fuites de bouteilles. En effet, la
dilatation du vin et l’augmentation de la pression sous le bouchon peuvent
entraîner, en cas de bouchon défectueux ou de mise en bouteille incontrôlée,
des montées de vin, voire des fuites.
Après conditionnement, la refermentation
des vins contenant des sucres résiduels et mal stabilisés est également l’une
des causes de fuites de bouteilles.
Conclusion
Face à tous ces risques potentiels,
plusieurs solutions techniques existent (isolation, climatisation, régulation
thermique des réservoirs, circulation de l’air neuf la nuit...). Dans tous les
cas, il apparaît essentiel de gérer au mieux le contrôle de la température dans
tous les gardes.
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