Des vins sans sulfites ou avec peu de SO2
Introduction
La production de vins sans sulfites ou
avec peu de SO2 (dioxyde de soufre) est un défi croissant pour les vignerons.
En effet, cette pratique nécessite une maitrise accrue de la vinification et
des techniques culturales, afin de pallier l'absence de cet agent antiseptique
couramment utilisé.
Les 3 axes techniques
principaux :
1. Maîtrise
microbiologique : Du raisin à la mise en bouteille, il est crucial de contrôler la présence
de microorganismes indésirables. Cela implique des pratiques culturales
rigoureuses (lutte contre les maladies du vignoble), une récolte au bon moment
et des techniques de vinification adaptées.
2. Vinification pour des
vins stables : L'objectif est d'obtenir des vins peu réactifs à l'oxygène. Cela passe par
des choix précis de cépages, de levures et de techniques de vinification
(température contrôlée, macération courte, etc.).
3. Technologies de
travail du vin sans oxygène : Des outils et techniques permettent de
minimiser l'exposition du vin à l'oxygène durant toutes les étapes de la
vinification, de l'encuvage à la mise en bouteille.
Conséquences des
tendances climatiques actuelles :
Le changement climatique met à mal la
production de vins sans sulfites, car il favorise :
·
Augmentation du pH: Un pH plus élevé rend le vin plus
fragile et favorise le développement de microorganismes indésirables.
·
Hausse des températures de récolte: Des raisins plus mûrs
ont un pH plus élevé et des sucres plus importants, ce qui attire les
microorganismes.
·
Alternance chaleur et humidité: Favorise le
développement de maladies fongiques et bactériennes.
·
Augmentation du Brettanomyces et des Lactobacilles: Ces microorganismes
peuvent altérer la qualité du vin et produire des composés désagréables.
·
Acidité volatile accrue: Conséquence des
fermentations indésirables, elle peut donner un goût vinaigré au vin.
Limites du SO2 et
contexte réglementaire :
·
Efficacité du SO2 en baisse : Le réchauffement
climatique affecte l'efficacité du SO2 comme antiseptique.
·
Limites légales du SO2 en baisse : Les réglementations
limitent de plus en plus les doses de SO2 autorisées dans les vins.
·
Demande du marché en baisse pour le SO2 : Les consommateurs
sont de plus en plus soucieux de la présence de sulfites dans les vins et
recherchent des alternatives.
Conclusions et
principes clés :
·
Trouver des alternatives au sulfitage : Il est nécessaire de
développer de nouvelles méthodes et produits pour protéger les vins sans
sulfites.
·
Protection de la microflore naturelle du raisin : Le raisin intact
possède une flore microbienne stable qu'il faut préserver.
·
Choc et jus : Le moment où le raisin est cassé et
entouré de jus est crucial, car il favorise le développement microbiologique.
Évaluation du risque
microbiologique à la récolte :
·
Facteurs favorables à un faible risque : pH < 3,5, vendange
saine, maturité optimale, température < 18°C.
·
Facteurs augmentant le risque : Sur-maturation,
altération de la pellicule du raisin par des champignons ou insectes.
Bio-protection vs
sulfitage :
·
Bio-protection : Vise à protéger le jus de l'invasion
microbienne indésirable en utilisant des souches microbiennes sélectionnées
("lutte biologique").
·
Sulfitage : Vise à détruire la flore indigène en
espérant qu'une partie favorable à la qualité du vin subsiste.
·
Avantages de la bio-protection : Respecte la flore
indigène, la maintient sous contrôle (antagonismes microbiens), s'inscrit dans
une démarche plus durable.
Pour
aller plus loin :
·
ICV : https://www.icv.fr/
·
Laffort : https://laffort.com/en/
En conclusion, la production de vins
sans sulfites ou avec peu de SO2 est un défi complexe mais passionnant. En
s'appuyant sur une compréhension fine des interactions entre le raisin, les
microorganismes et l'environnement, et en développant des techniques innovantes,
les vignerons peuvent élaborer des vins de qualité sans recourir excessivement
aux sulfites.
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